Chambres d’amiEs avec vue

Camille Gascon et Karyne Doucet Larouche de la compagnie du Toboso – nos résidentes pour cette 3e édition – ont ouvert leur processus créatif à deux groupes de l’école Élan venus assister à un enchaînement le jeudi 11 septembre au matin. Des élèves de 3e et 4e année, accompagnés d’une enseignante et de parents bénévoles, ont pu voir en primeur une mise en lecture de La mère, le père, le petit et le grand, la pièce d’Éric Noël que la jeune compagnie a choisi de monter.

Avant de venir à la Maison Théâtre, les enfants avaient eu la chance de recevoir une animatrice dans leur classe. Milva Ménard leur a parlé du double rôle qu’ils allaient jouer : celui de spectateur et celui de critique de théâtre. Elle a discuté avec eux de l’inspiration de l’auteur, soit les contes traditionnels, des étapes de création, du jeu et des techniques de scènes. Les enfants, déjà habitués de faire de l’art dramatique à l’école, étaient très alertes au moment de la répétition…

« J’avais envie d’écouter l’histoire parce que c’était au théâtre, et que le théâtre est plus réaliste. Ça ne m’aurait pas intéressée si ça avait été un film », a dit une élève à propos de la pièce, qui met en scène une famille désunie vivant dans une chaumière laide laide laide, au milieu d’un marais. Le père et la mère, durs et tristes personnages, y broient du noir, faisant peser sur leurs deux garçons leur insatisfaction face à la vie. « On sent que chacun est tenu par un élastique, a affirmé un élève, qu’il veut partir mais qu’il est comme ramené ».

Au fur et à mesure que s’enfilent les chapitres de l’histoire – que les élèves ont bien aimé entendre nommer à voix haute – des voies lumineuses s’ouvrent pourtant, pour chacun des membres de la famille. Sous la forme d’un abri pour le père, d’un ami pour la mère, d’histoires fantaisistes (censées les débarrasser de leurs parents) pour les garçons.

Quand (presque) chacun trouve son espoir d’une vie meilleure à la fin, ce que les créateurs espèrent, c’est que les jeunes spectateurs auront senti la parcelle d’humanité qui résidait en chacun des personnages, au-delà de leur apparente dureté.

 Les comédiens : Gabriel Dagenais, Raphaëlle Lalande, Simon Labelle Ouimet et Simon Lacroix

Pari remporté ? Si certains critiques en herbe ont dit s’être senti touchés par la pièce, d’autres ont jugé que les personnages du père et de la mère étaient trop noirs, trop intenses. Les voix, plutôt fortes, le bâton du père frappant le sol et le jeu, très appuyé dans la colère, en ont indisposé quelques uns. « Ça nous change des histoires où tout est toujours séparé entre méchants et gentils…» a toutefois affirmé un élève. Un autre aurait dit, en classe, que de toutes façons, tout le monde est tannés de ces histoires où on sait très bien que le héros va s’en tirer à la fin…

Les élèves rencontrés étaient donc aussi bavards sur le contenu que sur la forme, ayant aussi posé de nombreuses questions sur la façon dont le tout allait être mis en scène et enrobé. Mangerez-vous pour vrai sur scène ? Et quoi, des champignons comme dans l’histoire? Y aura-t-il du tonnerre, comme c’est dit dans le texte (les didascalies quand elles sont lues, sont toujours intrigantes !) ? Mettrez-vous plein de fumée ? Avec une machine ?

L’enchaînement s’est conclu par un gros merci, et sur l’idée que lors de la présentation de la vraie pièce, « il y a aura un petit peu des élèves de l’école Élan là-dedans ! ». La compagnie du Toboso retourne au boulot, avec une nouvelle présentation avec décors, costumes et maquillages prévue après les fêtes.

Rappelons que Serge Marois, et toute son équipe de l’Arrière-Scène, agissent comme parrains auprès de la compagnie, appuyant durant toute l’année les créatrices au plan administratif et artistique.